lundi 28 mai 2007

Les discriminations se portent bien

Une vingtaine de participants à la conférence de R. Charvin du 24 mai. Ambiance sympathique, de nombreux échanges. Voici le résumé de l'intervention:

Nous vivons dans une « société du spectacle ». « L’idéologie » dominante est celle de la diversion tous azimuts : la réalité sociale, les inégalités de plus en plus profondes et les discriminations de toute nature, qui frappent particulièrement les plus démunis, ne parviennent pas à la conscience du plus grand nombre.

Le discours en faveur des droits de l’homme concerne davantage – cela ne coûte pas cher – certains hommes du bout du monde que les SDF, que les immigrés, que la masse des travailleurs pauvres, qui tendent à se substituer, sans profit pour les intéressés, aux chômeurs.

Les droits sociaux reconnus à la Libération sont en régression au nom de la concurrence et de la compétitivité : les gouvernants dits de gauche comme ceux de droite octroient quelques libertés supplémentaires pourvu qu’il n’y ait pas d’obligation à les budgétiser. Or, les droits sociaux, comme par exemple le droit au logement, exigent des dépenses supplémentaires, si on veut les rendre effectifs. L’heure est à la réduction de toutes les dépenses sociales, selon une « élite » qui à l’évidence n’en a pas besoin.

Mieux, l’heure est à la légitimation des inégalités qui, selon certains, ne seraient dues qu’à de malencontreux gênes pour certains et à la paresse pour d’autres : la plupart des pauvres seraient, comme on le disait déjà au Moyen Age, de « mauvais » pauvres, souvent dangereux de surcroît.

L’idée d’égalité serait archaïque et donc « à chacun ce qui lui est dû » : la solidarité doit céder la place à « l’équité » qui consacre la notion de « réussite » par le « mérite ».

Une masse d’hommes devient inutile : les « vaincus » de la compétition sont des poids morts qui handicapent la société qui se doit d’être « efficace ».

Ainsi, nul n’est discriminateur : les discriminations ne seraient que les conséquences de la faiblesse des « discriminés ».

Ces conceptions à la mode restaurent les « valeurs » de la barbarie la plus traditionnelle.

Face à l’emploi, à l’éducation, à la police et à la justice, il y a discrimination de fait, même si la loi est formellement égalitaire.

Un Français issu de l’immigration a 40% moins de chance, par exemple, de bénéficier d’un CDI, selon le Rapport Fauroux de 2005 remis au Ministre Borloo !

Il y a inégalité d’accès aux soins : un cadre bénéficie d’une longévité de 7 années supérieures à un ouvrier et 13% des Français renoncent à se soigner faute de moyens, malgré la CMU (refusée par trop de médecins).

Les discriminations religieuses frappent la seconde religion de France, l’Islam. Les femmes continuent à souffrir d’une discrimination particulièrement spectaculaire dans le travail : à égalité de qualification, leurs salaires sont inférieurs de 25%.

En bref, les discriminations se portent bien ! Pourquoi ? Parce que la logique du système économique, appuyé par certaines forces politiques, les favorisent. Quant à la peur, source d’inertie, elle est plus qu’hier encore, un mode de gouvernement.

Quel remède ? Avant tout que les intéressés se prennent en charge avec lucidité, en ne se trompant pas d’alliés, s’ils estiment en avoir besoin.

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