mercredi 4 mars 2009

Mardi 10 mars

Mardi 10 Mars 2009, Campus St Jean d'Angely, amphi 6, 19h- 20h45:
Robert Charvin, Jean-Christophe Picard, Jean Robelin introduiront un débat sur:
"Quelle laïcité aujourd'hui ?"

L'intervention de JC Picard:

La laïcité n’est pas un sujet qui passionne les foules. Par contre, nous avons remarqué que lorsque nous dénoncions une atteinte à cette même Laïcité (comme, par exemple, sur la question de la mosquée), cela provoque des réactions en chaîne, parfois très virulentes…

Il faut peut-être en conclure que les citoyens ne font pas forcément le lien entre la Laïcité et ses applications pratiques. La raison est sans doute que l’on ne comprend pas toujours ce que recouvre cette notion. Il faut donc commencer par la définir. Pétrarque disait que, « quand on prend soin des mots, on prend soin de la Cité »…

La Laïcité, c’est un principe d’affranchissement, d’émancipation de toutes le tutelles !

Il puise ses origines dans la Révolution française (affranchissement du peuple par-rapport au Roi, affranchissement de l’individu par-rapport aux corporations). En 1881, Jules ferry institue la séparation des églises et de l’école. Puis, en 1905, Aristide Briand fait voter la loi relative à la séparation des églises et de l’État.

La Laïcité n’est pas une opinion, c’est un cadre qui permet la coexistence de toutes les opinions.

La Laïcité découle de la devise républicaine… C’est la liberté car elle garantie la liberté de conscience, surtout dans les écoles où instruire ne doit pas être convertir. C’est l’égalité car elle permet l’égalité des options spirituelles et interdit toute discrimination entre les citoyens en fonction de ces options.
C’est la fraternité puisqu’en instaurant l’égalité de traitement entre les citoyens, et en différenciant la sphère publique de la sphère privée, on permet aux Hommes de vivre ensemble.

Aujourd’hui, certains voudraient ajouter un adjectif à la Laïcité : on envisage une laïcité positive, moderne, dépoussiérée… et pourquoi pas kärcherisée ! Ce n’est pas de bon augure, d’autant que ce type de propositions interviennent dans un climat très hostile envers la Laïcité…

Un principe attaqué au niveau international :

- Le rapport de l’ONU, du 8 mars 2006, sur l’intolérance religieuse en France, critique notre loi interdisant le port ostensible de signes religieux car « ce texte prive de leurs droits les mineurs qui ont choisi librement de porter un
signe religieux à l’école par conviction religieuse ».

- De même, la Commission des droits de l’homme de l’ONU a adopté, le 24 novembre 2008, une résolution demandant aux États « d’empêcher, notamment par la loi, le dénigrement des religions ».

Au niveau européen :

- Le traité de Lisbonne, qui été signé le 13 décembre 2007 par l’ensemble desChefs d’État et de Gouvernement des 27 pays membres, donne une valeur juridique contraignante à la Charte des droits fondamentaux qui énonce que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. » On voit bien que cette formulation a plutôt pour finalité de protéger la liberté de culte au détriment de la liberté
de conscience.

Au niveau national :

- Le 20 décembre 2007, dans son discours de Latran, Nicolas Sarkozy estimait que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé » et il expliquait que « la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer
en fanatisme quant elle n’est pas associée à une espérance qui comble l’inspiration à l’infini ».

- Le 16 septembre 2008, la secrétaire nationale de l’UMP chargée de la santé, Valérie Boyer, a, lors d’une question au gouvernement, proposait « la création d’un contrat d’assurance circoncision proposé à la naissance des enfants mâles et destiné à prendre en charge les frais de réalisation de l’acte chirurgical. Il pourrait être, en outre, envisagé sous certaines conditions préservant le principe de laïcité, une participation limitée de l’assurance maladie ».

- Pire, le 18 décembre, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les États, ont signé un accord ayant pour objet, selon le communiqué officiel, « de reconnaître la valeur des grades et des diplômes canoniques (théologie, philosophie, droit canonique) ou profanes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur catholiques reconnus par le Saint-Siège et de faciliter les différents cursus universitaires ».

Au niveau local :

- En août 2004, une exposition intitulée « Gandhi, King, Ikeda : le choix de la non violence » s’est tenue à l’Espace Associations de la place Garibaldi, géré par la ville, « en partenariat avec la ville de Nice ». Elle était pourtant
organisée par Daisaku Ikeda, président de la Soka Gakkai, qualifiée de secte dans trois rapports parlementaires successifs.

- En avril 2005, les drapeaux de la mairie ont été mis en berne et le maire de Nice accordait un congé exceptionnel – donc pris en charge par l’ensemble des contribuables - aux employés municipaux pour leur permettre d’assister aux
funérailles du Pape…Ce qui était amusant, c’est que pour bénéficier de ce congés exceptionnel, les agents publics, normalement soumis à un devoirs de neutralité, devait faire une lettre de motivation dont je vous laisse imaginer les termes…

- En novembre 2005, la municipalité a acheté des bureaux - très chers puisqu’ils étaient à 25 % au-dessus du prix fixé par les Service des domaines - au 10 rue Hancy… Comme par hasard, c’était justement le bâtiment que les musulmans voulaient acheter, avec leur argent, pour créer leur mosquée ! Je note avec tristesse que la délibération concernée avait été adoptée à l’unanimité. J’avais, à l’époque, saisi le Préfet sans succès.

- Le 19 février 2006, Christian Estrosi, alors ministre, n’avait pas hésité à assister à une messe célébrée par l’archevêque du diocèse orthodoxe de l’Europe occidentale, à l’église russe de Nice, prenant ainsi fait et cause pour le patriarcat de Constantinople contre celui de Moscou.

- Plus récemment, le 27 juin 2008, le conseil municipal de Nice a approuvé – à l’unanimité – la composition du Conseil communal consultatif, qui accueillait pourtant cinq membres de Fraternité Alpes-Maritimes (qui rassemble des chrétiens, des protestants, des juifs et des musulmans) et un membre du Conseil des confréries des pénitents niçoises. J’ai déposé un recours devant le tribunal administratif de Nice.

On le voit, le principe de Laïcité est attaqué de toutes parts. Pourtant, il n’a jamais été aussi nécessaire…

Un principe d’avenir

La Laïcité est notamment utile à l’Europe puisqu’elle est un rempart au communautarisme et permet de faire coexister les diversités entre elles. Certes, le terme même de Laïcité n’apparaît que dans trois constitutions : celle de la France, celle de la Suède et celle du Portugal. Mais la majorité des États membres proclame la liberté absolue de conscience. Cela constitue une base intéressante pour permettre d’autres avancées. Dans ce cadre, la France peut
tout à fait promouvoir sa conception de la Laïcité, plus particulièrement en ce qui concerne l’école, l’accès aux soin et la justice.

Ceci étant dit, cette approche commune, autour du concept de liberté absolue de conscience, pourrait également être l’occasion d’enrichir notre propre conception de la Laïcité. Il serai ainsi judicieux de ne pas confiner celle-ci à l’anticléricalisme ; il existe, en effet, d’autres influences (idéologiques, partisanes, économiques…) qui peuvent altérer la liberté de conscience du citoyen.

Or, les institutions de la République ne sont pas préservées de ces influences… Quelques exemples d’nfluences économiques :

- Les décideurs politiques n’ont pas vocation à agir en fonction des intérêts de tel ou tel lobby. Pourtant, on a eu, en France, des députés « apparentés EDF », qui se sont régulièrement mobilisés pour défendre les intérêts de cette
entreprise.

- Sur le plan local, je suis étonné quand j’entends un élu relayer le discours des opérateurs de téléphonie mobile en affirmant que les antennes-relais ne sont pas dangereuses… C’est aux chercheurs de dire si elles sont dangereuses ou pas ; et en l’occurrence ils auraient plutôt tendance à ne pas nous rassurer. L’élu peut juste prendre ses responsabilités (en encadrant ou non l’implantation de ces antennes) en fonction de l’incertitude actuelle.

Quelques exemples d’influences partisanes :

- Le 26 octobre 2007, le Président de la République avait reçu – à l’Élysée ! – l’ancien maire de Nice pour lui proposer de laisser sa place à Christian Estrosi en échange d’un nouveau mandat de sénateur et de la présidence de la Commission des affaires étrangères du Sénat... Il est curieux que les plus hautes fonctions qu’offre la République servent de monnaie d’échange dans une querelle interne à l’UMP !

- De même, à cette époque, espérant une place sur la liste du patron de l’UMP 06, de nombreux conseillers municipaux UMP avaient tenté de déstabiliser le maire sortant en s’opposant subitement à un projet ou en remettant leurs délégations… Ils prenaient donc la responsabilité de bloquer la ville pendant plusieurs mois pour défendre un intérêt purement partisan.

- Est-il normal, par ailleurs, que les staffs de campagne de certains candidats soient garnis de fonctionnaires – payés par les contribuables - de la collectivité présidée par leur candidat ?

- De même, est-ce normal qu’un élu de la République démissionne de ses fonctions de conseiller général en échange d’un poste rémunéré à hauteur de 8 000 euros – payés par les contribuables – afin de permettre un scandaleux jeu de chaises musical entre membre d’un même parti ?

La notion de Laïcité doit être entendue au sens large afin de préserver la liberté de conscience contre toutes les influences. C’est d’ailleurs cette interprétation qu’avait défendue Jean-Michel Baylet, président national du PRG,
lorsqu’il a été auditionné par la Commission Stasi, le 18 novembre 2003.

La Laïcité est donc une notion qui non seulement ne doit pas être muselée mais qui doit, au contraire, grandir encore…

Surtout que, devant la montée du communautarisme, on a encore plus besoin de Laïcité qu’avant. Pour paraphraser André Malraux, on peut affirmer que : « le 21e siècle sera laïque ou ne sera pas ! ».

Jean-Christophe Picard
Président du PRG 06


1 commentaire:

Anonyme a dit…

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