3- Un Concept
La notion de concept peut être utile pour représenter une partie des connaissances.
Un concept est toujours une fabrication singulière et propre à l’individu qui le fabrique : on « conçoit un concept ».C'est aussi un outil, plus ou moins efficace, pour agir sur le « réel », dans la mesure où il délimite un champ, où il permet de « reconnaître » des indices dans une situation.C'est aussi, et on néglige peut-être trop souvent cet aspect, un support de communication sociale dans la mesure où il est intrinsèquement lié au langage. Par là même, il existe toujours un consensus culturel et social, localisé et daté, sur les caractéristiques propres à chaque concept.
Un concept, dans le cadre de ces précisions:
- Il possède une dénomination, un nom, qui le caractérise, directement issu d'un langage et d'un vocabulaire. Il possède aussi une histoire.
Une « table» se trouve classée dans un dictionnaire. L'étymologie me permettra d'y rattacher un ensemble d'autres termes et de commencer à envisager son histoire.
Une « addition » (ajout) possède lui aussi ses caractéristiques dénominatives.
- Il possède une/des fonctions: Il sert à quelque chose et peut être, en général, ramené à de l'expérience. Plus sa fonction prendra appui sur l'expérience ou les projets de l'élève et plus il sera complètement efficace.
Si nous parlons d'une « table », nous savons qu'elle sert indifféremment à manger, à boire et à travailler. C'est à partir des différentes expériences concrètes que j'aurai eu que le concept se sera élaboré, me permettant de reconnaître un objet-table, quelle que soit sa forme, sa couleur... Et de l’utiliser ainsi.
Une « addition » sert à ajouter, à réunir en une somme des unités ou fractions d'unités.
La fonction induit ses modes d'indexation en mémoire spécifiques.
- Un concept a des caractéristiques techniques qui décrivent son « noyau dur » et sa structure interne.
Si nous parlons d'une «table, nous conviendrons rapidement qu'elle possède un/des pieds et un plateau.
Une «addition » possède toujours au moins deux parties à additionner. Elle comprend les signes « + » et « = ».
Par les caractéristiques techniques du concept seront opérés d'autres modes d'indexation en mémoire.
- Un concept est susceptible de s'actualiser en une grande variété de réalisations. Il dispose d'un espace d'état d'actualisations potentielles plus ou moins important.
Une « table » peut être haute ou basse, être de taille, couleurs et matériaux différents, avoir des formes variées, elle reste un environnement que je peux utiliser.
Le nombre des « additions » possible est infini, à la hauteur de l'infinité des nombres.
Plus l’espace d’actualisation est étendu, et plus le concept est abstrait. Et donc, plus le champ d’application est vaste, et plus le concept est abstrait.
- Un concept peut avoir un certain nombre d'attributs associés dans une structure. Certains peuvent être principaux, d'autres simplement accessoires ou relatifs à certains contextes.
A une « table », on peut associer des objets (chaise, assiettes, verres..., mais aussi ordinateur), des actions (manger, boire, …), des lieux (restaurant, cuisine...), des moments (repas, apéritif...), des gens, ...!
A une « addition on peut associer d'autres objets (calculette...), des lieux (caisse du supermarché...), ...
Un concept est donc toujours relatif à des contextes, des catégories d'environnements définis.
- Un concept est toujours connecté à d'autres. On peut essayer de se livrer (sous des formes logiques ou mathématiques abordables) à une représentation du réseau et des logiques de cette connectivité.
Une « table » pourra être connectée à des univers domestique ou professionnel selon certaines règles.
Une « addition » est connectée à d'autres univers, arithmétiques ou autres, selon d'autres règles.
La connectivité d’un concept à d’autre, le nombre de liaisons avec d’autres, avec des méthodes et objets garantit sa qualité. Une des priorités de l’enseignement doit être d’assurer une connectivité maximale.
- Enfin, comme nous l’avons déjà dit, un concept évolue, au gré des expériences et des rencontres puisqu'il constitue l’abstraction opérationnelle et symbolique de l'expérience du sujet. Toute la difficulté des représentations d’un concept tient à ce qu’on est obligé de concevoir à la fois une hiérarchie et un réseau, des chevauchements et des frontières, du concret et de l’abstrait, un objet et des relations, choses qui sont généralement peu évidentes à concevoir logiquement.
8 commentaires:
Merci beaucup pour la retranscription de cette conférence... A la lecture du fichier que tu m'as envoyé, j'ai pas mal de questions à te poser, il ya des choses qui m'échappent et j'aime comprendre et approfondir quand tel est le cas. A l'occasion...
Avec plaisir.
concept : racisme
Le racisme n'est pas un concept. Je ne sais pas comment exprimer cela mais il me semble qu'un "concept" renvoie à une conception progressiste de l'humanité....Un concept a vocation à unir les hommes autour d'une idée commune en tenant compte de l'ensemble des interprétations susceptibles d'être avancées en fonction de différents paramètres....
Le racisme a vocation à classer, diviser, rabaisser, humilier....
Désolé de contredire Nathalie, mais "racisme", cognitivement parlant, est un concept (y compris juridique) qui éveille en nous tout un tas de sentiments et d'arguments.
et le concept de concept?
je ne suis toujours pas d'accord avec toi Jean François...Un concept est une construction intellectuelle, le racisme est une réaction primaire.
Mais après réflexion, ma vision de temps à autres optimiste de l'humanité m'empêche de constater des concepts qui ne seraient pas progressistes...il est vrai que le nationalisme nourri souvent par le racisme est un concept...
Very creative post.
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